Le Château d’Arse

La famille d’Arse apparaît dans le Midi avec la Croisade contre les Albigeois ou Cathares menée par Simon de Montfort entre 1209 et 1229.
La chanson de la Croisade, récit épique et poétique, met en scène un certain Hugues des Arcis, cheville ouvrière de nombreux sièges (Minerve, Termes, Lavaur, Les Cassés, Montségur)à l’issue desquels des buchers furent élevés sur lesquels périrent des centaines de Cathares .
Les d’Arse des Corbières descendent d’un frère de ce redoutable chef de guerre qui fut aussi Sénéchal de Carcassonne dont la Cité abritait l’arsenal des Croisés puis des Rois de France.
Cette branche de la famille d’Arse est aussi une famille de militaires qui en raison des services rendus au roi dénombreront jusqu’à 33 Seigneuries dans les Corbières en 1562.
Ils sauront aussi jouer des alliances matrimoniales avec les familles seigneuriales locales ( les « del Castelh » premiers seigneurs laïcs de Cascastel) et c’est ainsi qu’ils deviendront les plus puissants seigneurs de Cascastel et transformeront la demeure médiévale en une riche maison qui deviendra leur séjour de prédilection.
Ainsi, l’inventaire de 1562 à la mort de Jean d’Arse fait état de biens meubles luxueux et de nombreuses propriétés foncières, dont des vignes, dont les revenus s’ajoutaient aux droits seigneuriaux en nature et aux rentes du moulin.
Bien que la première tranche de restauration du Château se soit intéressée à la sauvegarde d’un ensemble du 18° siècle du plus grand intérêt artistique et culturel, de nombreuses traces de l’habitation de la famille d’Arse demeurent.
D’abord, le corps de logis lui-même, adossé au rempart, avec ses charpentes à solivage serré et closoirs du 17° siècle.
L’inventaire fait également mention, outre les « charges » de vin entreposées dans le « grenier de bas » de la Tour, de nombreux hectolitres de céréales, du froment principalement, conservés dans le « grenier de haut », salle haute de la Tour.

Appareillage du Grenier de Haut
Appareillage du « Grenier de haut », salle haute de la Tour, grenier à céréales

A son origine, au 12° siècle, la tour était couronnée par une terrasse dont les exutoire pluviaux et la porte voûtée en plein cintre donnant sur l’escalier ménagé à l’intérieur de la muraille ont été conservés.
Plus tard, au temps de la plus grande fortune de la famille d’Arse, aux 16° et 17° siècles, la paroi sommitale sud de la tour a été modifiée. Le parement médiéval a disparu au profit d’un alignement de la toiture avec celle couvrant les murs du logis et de la création d’un «  colombier » ou pigeonnier en français d’aujourd’hui.

L’élevage des pigeons en colombier pouvait avoir un intérêt économique pour la viande et les fientes, un engrais très riche.
Posséder un pigeonnier était le privilège des nobles et des grands propriétaires. Les pigeons se nourrissant seuls dans la campagne, il fallait les enfermer au moment des semailles.
le sommet de la tour a donc été modifié, sans doute dès le 16° siècle , pour clore cet espace et y tenir les volatiles enfermés afin qu’ils ne picorent ni les semailles, ni les grains contenus dans la tour.
De cette époque peuvent dater les arrachements d’arcs supportant une toiture à deux pentes au sommet de la tour. Des traces de nichoirs et l’ouverture d’envol en plâtre subsistent encore malgré les modifications ultérieures de la toiture.
Pour accéder au sommet de la tour, un seul moyen, un escalier étroit situé à l’intérieur même de la muraille qu’il avait servi à édifier.

L'escalier "secret", remarquer la qualité de la pierre
L’escalier dans le mur de la tour

casc1gL’ancienne cuisine du château dont l’emplacement est connu par les inventaires (1794 et 1799) abrite un sol en grande partie constitué de carreaux de céramique émaillée d’inspiration espagnole datés du 16° siècle.

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La façade sur la Berre, avec ses fenêtres 17° appartenant à la période où la famille d’Arse résidait à Cascastel, le « cap » ou chef lieu de sa seigneurie