La Charte de 1349, entre les Abbés de Lagrasse et les habitants de Cascastel
A partir de 1310, les conditions climatiques se dégradent.
A l’optimum météorologique médiéval succédera le petit age glaciaire qui durera cinq siècles.
Les fortes pluies entrainent de mauvaises récoltes. L’épidémie de peste arrive de Gênes au printemps 1348. Pendant deux ou trois mois, elle exercera ses ravages sur des populations affaiblies par la malnutrition,et reviendra périodiquement.
Depuis 1337, les Anglais et le Roi de France se livrent une guerre qui ne cessera qu’en 1453. Les trèves sont nombreuses et les mercenaires et les routiers les mettent à profit pour vivre sur les populations.
Les habitants de Cascastel sont ruinés. Les prélèvements féodaux sont insupportables.
Le Midi du 14ème siècle, héritier de la Narbonne Romaine et des Wisigoths de Toulouse, est un pays de droit écrit.
C’est donc, sur le terrain juridique que des réponses à la gravité de la situation seront apportées.
Le 3 Juin 1349, le Chapitre de l’Abbaye de Lagrasse, co-seigneur de Cascastel, concéde une Charte à la Communauté des habitants de Cascastel. Le document est conservé par les Archives Départementales de l’Aude.
La tasque (redevance en nature) sur les olives est réduite du quart au onzième. Une condamine pourra être divisée en autant de parts que l’on voudra.
Les usages et le cens seront payés à Notre Dame d’Août (La Mayre, en Occitan, Patronne de l’Abbaye).
Les habitants présents et futurs de Cascastel pourront tester, léguer, vendre, aliener les diverses terres qu’ils tiennent du monastère. »
Cette charte s’inscrit dans un mouvement plus large d’émancipation des communautés, à cette époque. Elle n’en fait pas moins preuve d’humanité et de réalisme politique.
Les privilèges des autres co-seigneurs ne sont pas affectés.
La Charte du Fort de Cascastel, en 1390
En 1390, les affaires municipales se traitaient sur la Place publique, prés de l’actuelle épicerie. Les habitants y étaient solidairement et personnellement intéressés.
Le problème de l’heure était la protection des habitants et de leur bétail contre les mercenaires Aragonais qui sévissaient dans cette zone frontalière gardée par Aguilar, Queribus, Peyrepertuse et Puylaurens.
Le 23 mars 1390, près du « Portail vieux » sont réunis , en présence du notaire du roi, les co-seigneurs et les syndics pour dresser un acte public concédant aux habitants le droit de reconstruire et d’édifier une fortification « pour l’utilité du Roy de France (Charles VI, le bien aimé ou le fol), des seigneurs du lieu et des sujets ».
Au 14ème siècle, les Corbières produisaient des quantités considérables de laine fine. Leur drap et leur miel étaient exportés dans tout le monde Méditerranéen. C’était un pays riche et une proie facile.
La construction d’un forteresse pour y abriter les populations et leur cheptel, est une mesure économique et fiscale, autant que sociale.
Le parchemin retrouvé par Mr Antoine Villa dans les années 1970, a été acquis par la Mairie de Cascastel où un fac simile est exposé. Ce document, nous donne des indication très précises qui permettent une interprétation sérieuse de notre patrimoine médiéval.
En savoir plus: Le Fort
La Charte du fort de cascastel a été traduite notamment par Yvette Carbonnel-Lamothe.
En savoir plus: La Charte du Fort de CascastelLa Charte du Fort de Cascastel
Elle est rédigée en latin pour la partie officielle et en langue vulgaire pour le cahier des charges technique.
La « langue vulgaire » de la région, c’est bien entendu l’Occitan, langue transfontalière, comprise par tous les intervenants.
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