Dimanche de Pâques, 1er Avril 2018
Bénédiction à 10h de la Vierge à l’Enfant du portail de l’église
Les branches des platanes se reflètent sur le plexiglas de protection, rien de surnaturel, juste un joli artefact.
La Vierge à l’enfant du portail de l’église de Cascastel.
Ce que nous savons de cette statue :
Elle n’occupe cet emplacement au dessus du portail que depuis une série de travaux réalisés dans l’église entre 1928 et 1931.
Où se trouvait-elle auparavant ?
Peut-être dans l’église, car rien n’indique qu’elle ait été construite pour être laissée en extérieur.
Elle est composée de plusieurs parties en terre cuite moulée, assemblées sur un socle. A l’intérieur, une pierre assure la solidité et la stabilité de l’ensemble.
Des restes d’un glacis du 18° siècle ont été retrouvés en particulier sur le vêtement de l’enfant Jésus.
D’autres éléments : l’expression du visage, les grandes fleurs de lys et surtout le « sacré cœur » sur la poitrine de l’enfant et la gestuelle de ses doigts confirment qu’il s’agit d’une spiritualité appartenant elle aussi au 18° siècle.
C’est Marie Leszczynska, femme de Louis XV, qui fit étendre la dévotion au Sacré Cœur dans toute la France.
Nous voici donc transposés dans le même contexte historique que celui qui vit se réaliser la création et la décoration des gypseries et le réaménagement du Château.
La lecture religieuse de cette statue à deux personnages :
Le visage de la vierge et ses mains ouvertes donnent Jésus au monde et invitent à l’écouter.
L’enfant Jésus lui-même avec son index droit levé délivre un enseignement tandis que son index gauche désigne son cœur, symbole de l’amour de Dieu pour tous les hommes.
Cet enseignement ici purement spirituel, délivré par l’enfant Jésus se prolongea au 19° siècle par un enseignement scolaire confié à des religieuses.
En 1876, les sœurs de la Fraternité de Massac ouvrent une école à la « maison des sœurs ». Des religieuses étaient déjà présentes à Cascastel, elles balaient l’église, s’occupent des linges, des fleurs et de la sacristie.
En 1902, les sœurs de Saint Joseph et de la Saint Famille demandent au conseil municipal, pour se conformer à la loi de 1901 sur les congrégations, l’autorisation de leur établissement de Cascastel. Elle leur fut refusée aux motifs que l’enseignement public était gratuit pour tous. Il ne leur restait plus qu’à partir.
Le lien ne fut pas pour autant rompu dans la vie religieuse locale avec la dévotion au Sacré-Cœur car la chapelle de l’église face au portail d’entrée lui est consacrée.
C’est suite à la débâcle des armées françaises de Napoléon III en 1870, que l’idée d’un « vœu national » expiatoire consacrant la France au Sacré-Cœur fit son chemin et déboucha sur le vote en 1873 par l’Assemblée Nationale de la construction de la Basilique de Montmartre à Paris.
Notre Dame du portail :
Sur une photo de 1909, le mur de l’église au dessus du portail ne comporte ni niche ni statue, et ce serait lors des travaux de 1928-1931 que la statue a été déplacée. Le style de l’encadrement de la niche et le décor peint de la façade peuvent se rattacher à cette période.
L’état du socle notamment attestait d’un, voire plusieurs déplacements de cette statue de fabrication ancienne.
A la fin du 19° et au début du 20° siècle, de nombreuses statues le plus souvent en plâtre et aux coloris très soutenus, étaient données à l’église par les fidèles. Leur population fut réduite dans les années 1960 par la commission diocésaine d’Art Sacré.
C’est donc au profit de cette statuaire très voyante que Notre Dame du Sacré Cœur avait émigré au dessus du portail.
La restauration, sur la base des éléments de décor restants, révèle une œuvre d’une toute autre facture.
Si le manteau fleurdelisé et le vêtement de l’enfant Jésus constituent un fond assez neutre, le rouge très vif des lèvres et le vert vif du serpent ne sont pas sans rappeler la polychromie de la salle des gypses.
C’est donc un nouvel élément précieux de notre patrimoine, occulté par la salissure du temps, qui a été sauvé, une fenêtre sur la spiritualité de nos prédécesseurs du 18°siècle.
Notre Dame du Portail, historique
Janvier 2018
Notre dame du portail de l’église après restauration.
La structure de la statue a été consolidée car elle était très proche de la rupture. Les couleurs couleurs douces sont celles de notre statue originelle, la restauration a été effectuée en fonction des traces retrouvées.
Notre Dame du portail de l’église en cours de restauration
Les travaux de restauration se terminent.
Les couleurs du visage expressif de la madone et de l’enfant sont revenues.
Vierge à l’enfant, Cascastel, Janvier 2015

Exposée aux intempéries, la statue est très abîmée.
Elle a été examinée par les restauratrices d’Art (Biorestauro) qui ont œuvré à la restauration du décor peint de la salle des gypses du Château.
Il s’avère que la statue est plus ancienne que les approches historiques antérieures avaient permis de l’estimer et cela lui confère une valeur historique plus importante.
En effet, les pigments retrouvés sur la robe de l’enfant datent du 18ème siècle et recouvrent un travail précédent.
Quant à la statue elle même elle est en plusieurs fragments, soit cela résulte des méthodes de moulage et de construction de la statue, soit de son déplacement.
Des réparations très visibles ont été effectuées et ne sont plus efficientes.
La vierge à l’enfant va être prochainement restaurée et protégée, et ce à l’extrême limite de sa disparition, en effet exposée au marin et au gel, la base de la statue est complètement délitée.
Cette statue est très abimée et menace de se rompre. Scellée par un bloc de maçonnerie, elle ne peut être déplacée. Sa valeur marchande est à peu près nulle, mais elle représente bien autre chose pour beaucoup de nos concitoyens, une sorte de bien qui ne s’achète pas.
D’autre part, bien que produites en de nombreux exemplaires, ces statues agées d’environ 150ans deviennent rares et peuvent être classées, ce qui permettrait une restauration dans les règles de l’art.
Différente dans son expression des représentations de la vierge qui prévalent depuis les apparitions de Lourdes en 1858, et où l’enfant Jésus n’est pas représenté, elle est certainement plus ancienne et pourrait être arrivée à Cascastel à l’époque où les sœurs « de Saint Joseph et de la Sainte Famille » tenaient l’école congréganiste avant d’être chassées en 1902.
Des photos du portail de l’église prises après 1900 ne comportent pas de niche ni de statue au dessus.
Selon Antoine Villa, cette statue était auparavant sur la Place de l’église, sur un piédestal, face au mur du jardin du presbytère.
Le mur de ce jardin et la place auraient été réaménagés vers 1925, et c’est vers cette date que l’on pourrait situer la création de la niche et l’installation de la statue à l’intérieur.
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