Viticulture

Comment la vigne transforme le territoire de l’Aude au fil des siècles

CHB20231004
Et si la vigne n’existait pas ? Un grand débat sur l’histoire et l’avenir de la vigne a rassemblé 200 personnes à l’initiative du groupe La Dépêche du Midi à Ferrals-les-Corbières. Photo Christophe Barreau /

Aude : en pleine crise des vins rouges, Embres-et-Castelmaure fait le pari de l’innovation

PHL20230919B01
Marc Labatut et Antoine Robert président aux destinées de cette cave où les vignerons sont fortement impliqués.

Nichée dans les Corbières, la cave d’Embres-et-Castelmaure se restructure. Foin du contexte de crise actuel… elle se lance dans un investissement pour automatiser la réception de ses raisins en comportes. Castelmaure peaufine son identité de cave artisanale et novatrice.
Petite et intrépide. La cave d’Embres-et-Castelmaure s’est toujours démarquée. Loin du rendement, de la mécanisation et de l’arrachage du carignan au profit de cépages améliorateurs, elle ne jure que par la vendange manuelle, et croit aux vertus de la macération en grappe entière du carignan. Pilotée pendant les décennies stratégiques par un duo atypique – un directeur, Bernard Puyo, pionnier dans la sélection à la parcelle par ordinateur à l’heure du balbutiement informatique, et un président, Patrick de Marien fou d’art moderne -, elle a désormais tourné une nouvelle page avec le tandem Marc Labatut, président, et Antoine Robert, directeur. Mais on ne réécrit pas l’histoire lorsqu’on a été désignée comme cave de l’année par la prestigieuse Revue des Vins de France. Au nom du Dieu carignan, la cave entame une nouvelle étape de son histoire, et se lance dans une nouvelle restructuration. Osé en ces temps de crise.

PHL20230919B01
Le vieux quai va disparaître.

PHL20230919B01Vendanger à la main : un parti-pris assumé.

Investir pour automatiser la réception des raisins, c’est classique, certes. Mais ici, il s’agira de faciliter la réception des comportes, puisque « nous sommes la seule cave de France à vendanger 100 % manuellement sans y être contraint par un cahier des charges », explique Antoine Robert, le directeur. « L’objectif est la montée en qualité avec la mise en place d’un égrappage qualitatif. Nous aurons la possibilité de multiplier les cuvées de petits volumes issus de mono pressoirs ». Car Antoine Robert le rappelle avec fierté : « Depuis sa création, aucune machine à vendanger n’a foulé le terroir. Les vignerons ont pu garder de très vieilles parcelles à flanc de coteaux, et elles sont centenaires ». La récolte arrive à la cave non pas en bennes, mais dans les comportes de 45 kg maximum, ce qui préserve le raisin. Chaque comporte est pesée, numérotée et acheminée sur une trémie à l’intérieur de la cave où elle rejoint une cuve spéciale. Le quai égrappé de 1950 étant obsolète, le renouvellement a suscité un débat au sein de la cave. « Les adhérents ont souhaité continuer la vendange manuelle à la comporte. Le choix s’est donc porté sur l’amélioration de la qualité d’égrappage et l’automatisation de la comporte. On s’est inspiré de ce qui se fait en Champagne ». Ce nouveau système est donc inspiré des vendangeoirs champenois, chez lesquels Antoine Robert a fait ses premières armes. « Il permet de convoyer, peser, renverser, égrapper puis nettoyer les comportes de manière automatique », précise le directeur.

PHL20230919B01
La vendange arrive à la cave en comportes de 45 kg maximum.

L’investissement de 1,7 million d’euros, dont 300 000 € seulement apportés par France Agrimer, ne s’arrête pas à l’automatisation du système. De vastes espaces seront créés, libérant les lieux pour l’élevage. « Nous sommes à l’étroit sur nos produits finis et nos matières sèches, et nous sommes à flux tendu. Notre stratégie n’est pas de faire plus de volume, mais de rester à volume constant, (soit 15 000 hl). Mais pour travailler mieux, on a besoin d’être à l’aise et l’espace manque. D’où la réflexion sur un meilleur aménagement, ce qui nous permettra d’agrandir le chai et d’améliorer nos conditions de stockage. Nous pourrons mieux gérer les entrées et les sorties. » Le toit sera couvert de panneaux solaires, ce qui fait miroiter une économie de 70 % sur la facture énergétique.

PHL20230919B01
A l’arrière de la cave les travaux d’extension ont débuté.

« Ce projet et cet investissement interviennent à un moment clé de la cave coopérative. Car elle a réalisé de gros investissements à une époque, 2018, lorsque son chiffre d’affaires était de 2,4 millions d’euros. Aujourd’hui ce chiffre a doublé et nous poursuivons cette ambition d’aller de l’avant, de rechercher plus de valorisation. » La reconnaissance professionnelle ne dément pas cet objectif, avec la Grande Cuvée médaille d’or au Concours général agricole cette année et, parmi les dernières distinctions, le coup de cœur 2 étoiles du Guide Hachette pour Les Hauts de Castelmaure après la Pompadour, coup de cœur l’an dernier.

logo (1)
INRA Pech Rouge, Cépages résistants à l’attaque de mildiou éclair.

Lundi 29 Octobre 2018

2018-10-30-Cépages résistants
Plantés en Mars, les cépages ont une croissance spectaculaire.

Gruissan: les cépages résistants vainqueurs de l’attaque éclair de mildiou

A Gruissan, à Pech Rouge, les vendanges ont apporté la démonstration attendues par les chercheurs.
Ils ont joué leur rôle à plein : les cépages résistants, testés par les chercheurs de l’Inra du site de Pech Rouge à Gruissan ont démontré leur efficacité, en cette année caractérisée par une attaque de mildiou, pudiquement appelée « excès d’eau » par certains. Alors que les récoltes sur des exploitations étaient gâchées jusqu’à 90 % par ce champignon ravageur, les vignes plantées avec ces fameux cépages résistants ont donné une superbe récolte. « Nous avons eu une excellente qualité de raisins, sur des vignes très abondantes, se félicite Hernan Ojeda, directeur du site. Lors de l’attaque de mildiou précoce, on l’a constaté sur la feuille, mais le mécanisme de défense mis en place dans la plante a stoppé le développement de la maladie ».

Ce résultat cette année vient couronner 40 années de recherches de l’Inra, à la fois sur Montpellier, puis à Gruissan. Ces recherches se sont déployées dans l’objectif de réduire les produits phytosanitaires dans les vignes tout en débouchant sur des vins correspondant aux attentes des consommateurs. Et pour le Languedoc de proposer aux vignerons des plants adaptés au climat méditerranéen. Sur ce dernier point, Hernan Ojeda ne se fait aucune illusion : « La sécheresse confirme les prévisions les plus pessimistes du GIEC. Depuis 2000, la sécheresse ne laisse aucune autre solution que l’irrigation. En grande sécheresse, la vigne meurt. Les cépages résistants, eux ne mourront pas… mais ne produiront pas ».

Les chercheurs de l’Inra travaillent sur des cépages résistants aux maladies, adaptés au changement climatique, mais permettant aussi d’élaborer des jus de raisin et des vins à faible degré. Avantage sur les expérimentations menées actuellement sur les autres bassins, les variétés de l’Inra, plantées il y a une décennie, sont dégustées régulièrement et se révèlent prometteuses : « On a d’excellents résultats, avec une belle complexité, une belle harmonie » qualifie l’œnologue Marc Dubernet. A déguster…

Objectif : inscrire 15 variétés au catalogue.
On a une réponse extrêmement intelligente à l’utilisation des pesticides, au changement climatique et à l’évolution de la consommation, assure Bernard Augé, délégué général adjoint du CIVL, en charge de la commission « Recherche-développement et innovation », présidée par Jean-Benoît Cavalier. Le CIVL et l’Inra ont créé un observatoire régional des cépages résistants d’Occitanie et, à côté des vignes expérimentales de la chambre d’agriculture et de l’Inra, plusieurs vignerons ont accepté de tenter l’expérience. 15 d’entre eux ont signé une lettre d’engagement et ont planté cette année dans l’Aude, l’Hérault et le Gard, sur une totalité de 20 hectares. Le suivi des parcelles se fait en collaboration avec la chambre, l’IFV et l’Inra. Le CIVL accompagne cette expérimentation à hauteur de 20 000 euros/an. « Objectif : obtenir le sésame du Comité Technique Permanent de la Sélection sur 15 variétés que l’on demande à inscrire d’ici 4 à 5 ans au catalogue ».

Les plants « Bouquet » testés à Pech Rouge depuis 10 ans.
Alain Bouquet, irréductible chercheur généticien a, contre vents et marées, poursuivi ses recherches à Bordeaux, puis à Montpellier. Il a consacré sa vie et mis au point des variétés résistantes capables de produire des vins de qualité. Dépossédé de sa mission, il est décédé en 2010, en laissant un héritage qui fait référence aujourd’hui : des raisins de génotype résistants, plantés à Gruissan à Pech Rouge et testés depuis 10 ans. Le génie d’Alain Bouquet est d’avoir réussi à croiser un cépage résistant avec un cépage “vitis vinifera”, variété noble de la vigne, qui confère au vin les qualités organoleptiques recherchées. Le sénateur vigneron héraultais Henri Cabanel, fer de lance des cépages résistants, qui en a planté chez lui en mars dernier (notre photo) pousse à l’accélération de l’inscription des cépages, prélude à leur autorisation de mise sur le marché chez les pépiniéristes.

Veronique DURAND-JEANCLOS

Accueil   Lurio​    Vignoble Cascastel    CC Corbières Salanque Méditerranée Corbières Sauvages    Pays Corbières Minervois     Aude Tourisme​    Sud de France   CG Aude​
Mairie de Cascastel, 43 Grand’Rue, 11360 Cascastel